Le but de cette étude réalisée fin 2012 est de mieux connaître la place des fermes engagées dans la démarche promue par les CIVAM dans le contexte agricole de ce territoire. L’objectif est aussi de comprendre quelles sont les dynamiques de développement agricole en cours dans cette petite région isolée de moyenne montagne.
Objectifs et méthode
Les CIVAM ont réalisé cette étude dans le but de mieux appréhender comment se positionnent les systèmes de production engagés dans une démarche d’agriculture économe et autonome dans une région de moyenne montagne. Le diagnostic agraire a pour but de comprendre quelles sont les dynamiques de développement agricole en cours dans la région et quels sont leurs mécanismes. Il est utile aux collectivités locales en tant qu’outil de compréhension et de prise de décision, mais aussi aux agriculteurs et acteurs de la filière en tant que base de réflexion et d’échanges sur leurs pratiques.
D’un point de vue méthodologique, l’étude est basée sur 42 entretiens avec des agriculteurs en activité, 24 entretiens avec des retraités agricoles et 6 entretiens avec des professionnels du secteur (coopérative, laiterie). Ces entretiens ont débouché sur la construction d’une typologie des exploitations agricoles du territoire, présentée à travers ses évolutions historiques depuis les années 1950 jusqu’à aujourd’hui.
Typologie des systèmes de production du plateau ardéchois
Le choix des limites géographiques du diagnostic a été fait afin d’étudier un territoire cohérent en termes de milieu naturel, d’histoire agraire et de mise en valeur du territoire. La zone d’étude s’étend sur 14 communes ardéchoises et 5 communes alti-ligériennes limitrophes. La zone d’étude côté Ardèche comprend le territoire de la CdC Sources de la Loire et 6 communes de la CdC entre Loire et Allier.
Les systèmes de production identifiés :
- 6 types bovins laitiers avec différents degrés d’autonomie alimentaire
- 5 types bovins allaitants dont 2 produisant des animaux de boucherie en AOC
- 1 type caprin avec transformation fromagère et vente directe
D’autres systèmes de production existent sur le territoire (élevage ovin, bovin laitier en transformation fromagère, petits fruits, maraîchage…) mais n’ont pas pu être modélisés car le nombre d’exploitations qui les mettent en œuvre sont minoritaires.
Ces différents systèmes ont été modélisés pour en établir le fonctionnement technique et les résultats économiques. La comparaison des résultats économiques permet d’établir des perspectives sur l’avenir des différents systèmes de production. On peut noter que les petits systèmes laitiers, notamment en agriculture biologique, créent davantage de valeur ajoutée et sont moins dépendant des aides publiques qui peuvent représenter jusqu’à deux cent pour cent du revenu dans certains systèmes bovins allaitants.
Conclusions et perspectives pour les systèmes de production du plateau ardéchois
Le plateau ardéchois est une région de moyenne montagne ou les systèmes de production agricole doivent composer avec des contraintes qui n’existent pas dans les régions de plaine (six mois d’hivernage par an, une production d’unités fourragères par hectare moyenne au regard des autres grands bassins laitiers français). Au cours de l’histoire, les exploitations agricoles ont pu faire face a ces "désavantages comparatifs" grâce a notamment l’évolution des modalités de collecte des fourrages dans cette région de montagne ou une bonne part des terres agricoles est néanmoins moto-mecanisable. Ainsi, certains éleveurs peuvent aujourd’hui vivre de leur activité agricole en vendant du lait standard produit exclusivement grâce à l’utilisation de prairies permanentes.
En élevage laitier, il existe deux principales stratégies d’évolutions des systèmes de production :
- les exploitations qui sont dans une dynamique d’agrandissement et d’accroissement des volumes, au prix d’une perte d’autonomie fourragère car cela nécessite une augmentation des achats (maïs fourrage et concentrés).
- les exploitations qui recherchent une meilleure valorisation du lait (bio, saisonnalité) tout en conservant un maximum d’autonomie fourragère en optimisant le pâturage.
Les acteurs de la filière laitière doivent s’interroger sur la stratégie la mieux adaptée compte tenu des perspectives sur le marché du lait, l’abandon des quotas après 2015 et la baisse probable du prix au producteur. Une simulation montrant l’impact d’une baisse du prix du lait sur le revenu des systèmes de production est révélatrice des difficultés que pourraient rencontrer certains types laitiers si ces évolutions de marché se confirment.
La dynamique actuelle d’évolution révèle malgré tout une conversion massive des systèmes d’élevage laitier vers des systèmes allaitants ou mixte. La conséquence en est un accroissement de la dépendance du territoire aux subventions de la Politique Agricole Commune. Mais une orientation précoce vers la production d’animaux finis et de qualité, pour une petite partie des exploitations, en ferait un marché relativement moins exposé que le lait à la concurrence des régions de plaine…
Les systèmes de production qui semblent les mieux armés face aux évolutions futures des politiques et des marchés sont des système diversifiés de taille petite à moyenne, réalisant des activités hautement créatrices de valeur ajoutée impliquant la valorisation du produit sur la ferme et de la vente directe ou en circuits courts. Cela pose par contre la question des débouchés pour les produits fermiers, dans un contexte d’éloignement aux grands bassins de consommation.
- Mémoire complet (120 p.) disponible sur demande auprès de la FR CIVAM Rhône-Alpes. Contact : Aline Morel - FR CIVAM Rhône-Alpes - CFPPA Le Valentin 26500 Bourg-lès-Valence. Tel : 04 75 78 46 49 Mail : admm@inpact-rhonealpes.fr.